L’intelligence artificielle transforme profondément notre quotidien professionnel. Automatiser, prédire, optimiser : ces verbes, longtemps réservés aux innovations techniques, font désormais partie du vocabulaire de l’entreprise dans tous ses périmètres. Pourtant, si l’IA promet des gains d’efficacité indéniables, elle bouscule aussi nos repères psychologiques. Entre fascination, méfiance et nécessité d’adaptation permanente, l’humain est en première ligne face à ces bouleversements.
Certains travailleurs témoignent d’un stress lié à l’usage intensif des nouvelles technologies, au rythme de transformation accéléré, ou à la crainte d’être remplacés. C’est ce qu’on appelle le technostress : un état d’épuisement mental provoqué par une surcharge numérique ou une pression à maîtriser en permanence des outils complexes. Ce phénomène, encore mal connu dans les organisations, peut altérer le bien-être psychologique des salariés, impacter leur motivation, voire entraîner des troubles plus profonds.
Ici, l’objectif n’est pas de peindre un tableau alarmiste. Car si l’IA pose de nouveaux défis, elle représente aussi l’opportunité de repenser le travail dans une logique plus humaine, aussi paradoxal que cela puisse paraître. En reconnaissant ses impacts psychiques dès aujourd’hui, les entreprises peuvent adopter une démarche proactive, fondée sur l’éthique, la prévention des risques et le recentrage sur des usages qui peuvent profondément améliorer le quotidien des équipes.
L’intelligence artificielle séduit. Elle promet une nouvelle manière de travailler : plus rapide, plus intelligente, plus stratégique. Dans de nombreuses entreprises, son adoption s’est faite avec enthousiasme et parfois même avec empressement. Les collaborateurs découvrent des outils qui facilitent leurs tâches, génèrent des rapports instantanés, organisent des plannings à leur place. L’IA devient une assistante invisible mais omniprésente.
Dans certains cas, l’enthousiasme laisse place à une forme de tension diffuse : celle de devoir suivre, comprendre et apprendre aussi vite que l’IA évolue. Sans accompagnement, sans temps de respiration, l’intégration de l’IA dans le quotidien professionnel peut accentuer le sentiment d’urgence et donner la sensation de perte de contrôle.
Ce glissement est souvent imperceptible au départ. Il se manifeste par des micro-frictions qui, cumulées, fragilisent la santé mentale des collaborateurs. Par exemple :
À cela s’ajoute une dimension d’utilité sociale. Lorsque certaines tâches sont automatisées, le sens du travail peut vaciller. Pourquoi faire ce que la machine fait mieux ? Que reste-t-il de la valeur humaine ? Ces interrogations peuvent rester dans l’esprit des collaborateurs et générer un désengagement progressif, parfois même une remise en question plus globale sur la place du travail.
Dans ce contexte, il est important que les entreprises reconnaissent que l’adoption de l’IA n’est pas seulement une question d’efficacité, mais aussi une expérience vécue potentiellement source de stress et de fatigue. C’est un premier pas essentiel pour construire une culture numérique plus équilibrée.
Ce n’est pas tant la technologie elle-même qui épuise, mais la manière dont elle est introduite et vécue au quotidien. Les outils qui s’ajoutent au système d’information de l’entreprise viennent avec une attente implicite : aller plus vite, faire plus, répondre mieux.
Les collaborateurs jonglent avec des flux d’informations permanents, des notifications multiples, des sollicitations croisées. Ils passent de la rédaction d’un email à une réunion en visioconférence, d’une notification sur Microsoft Teams à une question posée à ChatGPT. Dans ce monde du travail saturé de stimuli numériques, leur concentration s’effrite et se fragmente, et la surcharge cognitive s’installe. Cette surcharge fatigue et génère des erreurs. Et surtout, elle laisse moins de place à ce qui fait la richesse du travail humain : la réflexion, l’échange, l’écoute.
Ce déséquilibre impacte le collectif. Les écarts d’intérêt et de maîtrise du numérique deviennent des sources de tension entre équipes, parfois entre génération, entre les premiers adeptes de l’IA et les plus méfiants. Les collaborateurs moins à l’aise avec l’IA et plus largement le numérique vont vivre la surcharge cognitive avec plus d’intensité, sans toujours oser le dire. Dans certains environnements qui idéalisent l’innovation sans prise en compte de toutes ses externalités, l’auto-censure peut s’installer avec les risques qui en découlent : isolement, perte de cohésion, défiance latente vis-à-vis des outils, et à terme, une dynamique de travail dégradée.
C’est pourquoi les entreprises doivent traiter la surcharge numérique non comme une simple difficulté individuelle, mais comme un enjeu organisationnel à part entière. Repenser les usages, clarifier les attentes, simplifier les outils, réguler les flux d’information : autant de leviers pour alléger la pression et favoriser un cadre de travail épanouissant.
Le défi majeur de la prévention du technostress, c’est qu’il se fait discret. Il se manifeste moins par des mots explicites que par des symptômes diffus comme une fatigue persistante, de l’irritabilité, des pertes d’attention ou de mémoire, ou un isolement progressif. Autant de signaux faibles qui peuvent être les conséquences d’autres facteurs de risques psychosociaux. Apprendre à détecter ces signaux n’est donc pas suffisant.
L’entreprise doit créer les conditions propices à l’écoute et l’expression de la parole sur ce sujet. Les collaborateurs doivent sentir qu’ils ont le droit de dire « je ne comprends pas le fonctionnement de ce nouvel outil », « je n’arrive pas à obtenir des résultats satisfaisants avec ce prompt IA », « je me sens en danger quand je vois ce que l’IA est capable de faire à ma place » ou « l’IA ne m’est pas utile pour aller plus vite sur cette tâche », sans craindre d’être stigmatisés ou considérés comme moins performants.
Instaurer des temps de discussion collective est une première piste :
Cartographier les besoins de chaque équipe en matière d’outillage numérique, et notamment en matière d’outils IA, est une deuxième piste. Associer les utilisateurs finaux dès la phase de choix ou de paramétrage d’un outil permet non seulement d’augmenter l’adhésion mais aussi de réaliser que les usages imaginés ne franchissent pas toujours le cap de la réalité d’un métier.
Les managers sont en première ligne pour porter une culture de l’innovation ouverte au dialogue et prévenir le technostress. Ce sont eux qui implémentent les nouveaux outils et peuvent accompagner les équipes dans leurs usages quotidiens. Ils sont aussi les mieux placés pour détecter les premiers signes de fracture numérique de technostress dans leur équipe.
Il s’agit d’abord de les aider à poser un cadre clair autour des usages du numérique :
Un cadre clair est tout aussi important pour borner les usages de l’IA.
Il s’agit ensuite de former les managers à des compétences relationnelles clés : savoir écouter les retours de leurs collaborateurs (ce qui aide, ce qui fatigue, ce qui gagnerait à être repensé) sans les minimiser, reconnaître les efforts d’apprentissage des outils, et repérer les signaux faibles de l’hyperconnexion et de l’irritation liée au numérique et à l’IA.
Il s’agit enfin d’associer les managers aux choix d’évolutions technologiques dans l’entreprise, pour s’aligner avec leur réalité du terrain et permettre une conduite du changement plus fluide.
L’IA n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Ce qui fait la différence, c’est l’intention avec laquelle elle est déployée. Utilisée à bon escient, elle peut :
En intégrant dès le départ la prévention de la santé mentale dans l'acculturation interne aux innovations de rupture comme l’IA, les entreprises font le choix d’une IA humainement responsable. Une IA qui soulage plutôt qu’elle ne surcharge, qui soutient plutôt qu’elle ne remplace, qui prolonge et démocratise l’expertise humaine sans jamais la remplacer.
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* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
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