Diplômée en ingénierie thermique et énergétique, Brigitte Ploix-Gaydon a travaillé pendant plus de 20 ans dans l’industrie à des postes techniques et de management.
Et puis, elle s’est passionnée pour tout autre chose : la relation à l’autre. Qu’est-ce qui fait que parfois elle marche, parfois elle ne marche pas ?
C’est ce qui l’a amenée à la médiation en 2017. Après une formation à l’Institut Émergence, elle devient médiatrice. Dans la sphère professionnelle comme dans la sphère privée, elle aide les gens à se parler mieux, à se parler vraiment. Le principe de la médiation, nous dit-elle, ce n’est pas l’apport de solution, mais l’amélioration de la relation.
Brigitte fait partie du réseau de médiateur de l'entreprise NotreAccord, centre de médiation pour les particuliers et les entreprises réunissant des médiateurs certifiés et spécialisés.
On était ravis de la rencontrer pour parler de la Communication NonViolente (CNV), et d’en savoir un peu plus sur le sujet.
Il n’y en a pas, si ce n’est que la CNV, développée par Marshall Rosenberg, est un processus certifié et donc un terme protégé. Il faut être formé pour dire que l’on pratique la CNV. Cependant, la communication bienveillante (terme non protégé) opère sur les mêmes principes.
La CNV est avant tout une philosophie. Il s’agit de se recentrer sur soi. Mais attention, pas par égoïsme : c’est se recentrer sur soi pour être plus présent à l’autre. C’est donc le “moi d’abord” et non pas le “moi seulement”. J’aime utiliser comme parallèle le masque dans l’avion. Lorsque les masques à oxygène tombent, il faut mettre le sien avant d’aider les autres. Pour la CNV, c’est le même principe : il faut prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin de l’autre.
Pour pratiquer la CNV, il faut donc se poser la question de ses émotions et de ses besoins et les communiquer en vérité, sans prêter d’intention ni émettre des jugements.
Marshall Rosenberg disait qu’au fond, la CNV est un réapprentissage. Car lorsque nous étions bébé et tout petit enfant, c’est ainsi que nous communiquions : nous exprimions nos besoins, sans aucune arrière pensée.
Je dirais que son avantage principal est de prendre en compte une chose : on ne peut pas entendre si l’on ne se sent pas écouté.
Et cela commence par soi. Avant toute chose, il faut prendre le temps de s’écouter, pour comprendre ce que l’on ressent et ce dont on a besoin. Ainsi, on apprend à s’aligner. Et puis, s’intéresser à l’autre : de quoi a-t-il (elle) besoin ?
La CNV nous appelle à ralentir dans notre relation à l’autre, de cesser le ping-pong dans les interactions qui est trop souvent source de conflit et de mésentente. Lorsque l’on est focalisé sur son ressenti, on passe moins de temps à étiqueter l’autre, ou à lui prêter des intentions.
Je pense au phénomène de “pervers narcissique”. Les spécialistes disent qu’ils ne représentent que 5% de la population. Or, ce terme psychiatrique est une étiquette très courante, que l’on prête à tort et à travers, particulièrement dans le monde professionnel. Et elle fait un mal sidérant.
La CNV a pour rôle de sortir de ces interactions pour aller vers quelque chose de plus constructif et apaisé. Elle permet de trouver une issue au conflit. Soit on améliore la relation, soit on y met fin. La-dessus, je voudrais insister sur le fait que la CNV n’est pas la philosophie de “tout le monde s’aime”. C’est aussi apprendre à dire non, sans violence. L’idée n’est donc pas d’être d’accord, mais d’accepter nos désaccords.
D’abord car je pense qu’il permet de prendre soin de soi et de l’autre.
La CNV est plus qu’un outil, c’est une façon d’être, une philosophie de vie. Et je pense qu’à force de la pratiquer, on élargit sa conscience de soi et de l’autre. Elle permet d’assumer pleinement la responsabilité de nos mots et de nos gestes, et de la résonance qu’ils peuvent avoir pour la personne en face. Elle mène à plus d’authenticité.
J’ajoute à cela que la CNV permet d’aller plus vite dans la prise de décision, ou dans la gestion du quotidien. C’est contre-intuitif, car elle appelle d’abord au ralentissement. Mais en ralentissant, on se recentre sur l’essentiel, et donc on perd moins de temps sur le reste. La CNV, c’est ralentir pour gagner en efficacité.
La CNV est un tout. Quand on parle de communication, on parle bien sûr de la parole, mais aussi de tout ce qui l’accompagne. Si l’on est au clair sur ce que l’on ressent, alors les mots seront alignés avec le langage corporel. Sinon, c’est que ce n’est pas clair et qu’il y a du travail à faire.
En tant que médiatrice, j’attache une importance aux mots mais aussi à la façon dont ils sont dits.
Avant toute chose, je le dis et je le répète : ralentir.
Par cela, je veux dire prendre le temps de revenir aux faits, de retracer les événements. On peut imaginer une caméra qui filme de la manière la plus objective possible ce qui s’est passé. Par exemple, “une personne s’est levée, est partie, la porte s’est refermée en émettant un son très fort” versus “une personne partie furieuse, en claquant la porte.”
Ensuite, se recentrer sur ses émotions. Attention, il s’agit ici de se focaliser sur ce que l’on ressent, sans prêter d’intention à qui que ce soit. C’est la différence entre “je me sens seul” et “je me sens abandonné”.
Puis, définir son besoin. A ne pas confondre avec la façon de l’obtenir : “J’ai besoin de me réhydrater” versus “J’ai besoin d’un verre d’eau”.
Enfin, formuler une demande. La demande n’est pas une exigence. Lorsque l’on formule une demande, il faut être prêt à ce que celle-ci nous soit refusée.
Vous l’aurez compris, il s’agit bien de la méthode OSBD : Observation, Sentiment, Besoin, Demande.
Il faut savoir que la CNV génère pas mal de peur. Les gens qui ne connaissent pas bien ont peur de cette approche car ils la perçoivent comme un moyen de manipulation.
Or la CNV n’est pas une méthode que l’on applique pour obtenir ce que l’on veut. C’est une philosophie qui nous permet de mieux nous entendre, nous comprendre.
Pour déconstruire les idées construites sur la CNV, il faut donc faire appel un(e) médiateur(trice). Les médiateurs, comme moi, ne sont pas des formateurs en CNV mais interviennent pour aider à la gestion des conflits en appliquant entre autres la CNV.
Je préconise une formation en petits groupes, sur plusieurs mois. Généralement, j’interviens dans une entreprise pour former les équipes à la gestion des conflits, puis je suis les individus, qui me racontent régulièrement les situations auxquelles ils ont fait face, je les aide à analyser, et à intégrer entre autres la CNV dans leur approche.
C’est un apprentissage au long cours car c’est un réel changement de paradigme par rapport à ce que nous avons l’habitude de faire en entreprise ou dans notre vie quotidienne.
Moi-même, je continue d’apprendre et de m’exercer en la matière. C'est un travail fabuleux, mais un travail long.
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