Dans nos entreprises, des millions de salariés vivent une double vie : professionnels le jour, aidants le jour et la nuit. Pourtant, la majorité d’entre eux restent invisibles, par peur de fragiliser leur carrière ou de paraître moins performants. “Ces aidants cachés” représentent un défi silencieux mais majeur pour les RH et les dirigeants. Voici plusieurs clés pour l’aborder.
En France 9,3 millions de personnes soutiennent un proche en perte d’autonomie, malade ou en situation de handicap selon une étude menée par la DREETS en 2021. L'âge moyen d’un aidant est de 42 ans. Un nombre croissant d’entre eux sont des salariés actifs. On parle même d’une “génération sandwich”, ces trentenaires ou quadragénaires coincés entre la garde d’enfants et le soutien à leurs parents vieillissants.
61% des aidants exercent une activité professionnelle selon France Travail en 2024. Cela signifie que derrière chaque équipe, chaque open space, il y a des collaborateurs qui mènent deux vies en parallèle : salariés engagés le jour, aidants dévoués le soir, parfois au prix de leur propre santé : fatigue chronique, stress élevé et culpabilité permanente celle de “ne jamais en faire assez, ni au travail, ni auprès de son proche.
Malgré leur nombre, les aidants restent largement invisibles dans le monde professionnel. Seulement 25% osent en parler à leur manager selon France Travail. La crainte de paraître “moins fiables”, de freiner leur carrière et fragiliser leur image professionnelle, d’être perçus comme moins investis ou tout simplement la honte de demander de l’aide les pousse au silence.
“L’aidant se forge un masque social qui lui fait consommer beaucoup d’énergie et crée une forme d’isolement et de solitude. En même temps, beaucoup d’aidants compartimentent leur vie pro pour que le travail demeure un lieu-ressource” explique Margaux Tancrède, Psychologue référente chez Moka.Care.
Cette discrétion forcée a des conséquences sociales : 59% des aidants déclarent se sentir seuls selon l’association française des aidants. Les aidants silencieux s’installent dans un cercle vicieux : leur silence alourdit leur charge mentale, cette charge non partagée renforce leur sentiment de solitude qui vient renforcer leur silence.
Derrière cette discrétion, il y a des histoires comme celle de Claire.
Claire a 38 ans. Elle est cheffe de projet dans une PME. Depuis deux ans, elle s’occupe de sa mère atteinte d’une maladie neurodégénérative. Ses journées sont rythmées par les rendez-vous médicaux, les démarches administratives et les imprévus liés à l’état de santé de sa mère.
Claire ne demande pas de congés pour proches aidants auxquels elle aurait droit.
Et pour cause, dans son entreprise, personne ne sait qu’elle est aidante.
Elle ne dit rien, de peur que son manager la considère comme “une salariée à problème”, moins digne de confiance que les autres membres de son équipe.
Dans son quotidien au travail, certains signes sont pourtant visibles : absences ponctuelles répétées pour “urgence personnelle”, emails envoyés tard le soir, retrait progressif des moments collectifs, fatigue qui se lit sur son visage... Autant d’indices qui pourraient ouvrir la voie à un échange avec son manager et à des ajustements simples pour lui permettre de mieux concilier vie professionnelle et vie de proche aidante.
Encore faut-il que ces signaux soient observés et compris par son entourage professionnel — collègues, managers, équipes RH — qui n’a pas nécessairement la grille de lecture et les outils adéquats pour détecter et réagir.
Pour les entreprises, la première étape est donc claire : briser l’invisibilité.
Le premier pas consiste à créer la sécurité psychologique suffisante pour que les salariés aidants se sentent en confiance pour parler de leur situation. Cela signifie qu’un collaborateur doit pouvoir partager ses difficultés sans craindre d’être jugé, stigmatisé ou considéré comme moins performant.
Concrètement, cette sécurité passe par plusieurs leviers :
Le deuxième pas pour soutenir les aidants cachés est de faire exister leur réalité. Pour cela, les entreprises peuvent agir sur ces leviers :
Reconnaître publiquement les aidants, c’est déjà alléger leur charge invisible et leur donner le sentiment de ne plus être seuls.
La reconnaissance du rôle d'aidant et la sécurité psychologique sont des conditions nécessaires, mais insuffisantes pour faire de l’entreprise un lieu d’épanouissement pour les salariés aidants. Elles doivent être complétées par des dispositifs d’accompagnement adaptés.
Certaines entreprises montrent l’exemple, comme Axa.
À travers son programme dédié aux salariés aidants, la compagnie d’assurance propose un accompagnement individualisé : un care manager qui évalue leurs besoins, les aide à organiser leur quotidien et veille à préserver leur santé.
AXA met également à disposition un package de services d’environ 2000€, incluant de l’aide domestique, des solutions de répit, du soutien psychologique et une assistance organisationnelle. En parallèle, l’entreprise offre des formations aux RH, managers et collaborateurs pour sensibiliser à la réalité des aidants.
Enfin, le programme propose deux options de protection, une assistance à distance pour prolonger l’autonomie de la personne aidée, et un volet de formation employeur pour mieux prendre en compte l’aidance en milieu professionnel.
Les mesures d’accompagnement des aidants ne sont pas seulement un geste de solidarité : elles constituent un investissement stratégique. Elles permettent de fidéliser les talents, de renforcer la performance collective, de réduire l’absentéisme, mais aussi de renforcer l’image sociale de l’entreprise.
D’ailleurs, les entreprises ne sont pas les seules à pouvoir faciliter le quotidien des proches aidants.
Des associations de patients agissent en ce sens, comme l’Association Fibroses Pulmonaires France (AFPF), soutenue par le groupe Boehringer Ingelheim. L’AFPF propose aux malades et à leurs proches aidants un programme de coaching psychologique conçu avec Moka.Care, avec des consultations individuelles et des sessions d'échange en groupe. Les aidants ont leur groupe Whatsapp dédié, et se réunissent plusieurs fois par an pour aborder différents thèmes, comme la charge émotionnelle ou les aides administratives.
Aider les aidants est un enjeu de société, et de sociétés. Pour les RH, managers et dirigeants, la responsabilité est claire : ne pas laisser les aidants seuls face à leur double charge, en leur offrant écoute, souplesse et accompagnement.
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* Résultat de l’étude “People at Work 2022” de l’ADP, en Septembre 2022
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