Louis Marty

Pour moi, la santé mentale, c’est tout aussi important que la santé physique ; je crois vraiment en l’adage “bien dans son corps, bien dans sa tête”. Je considère que c’est un travail de tous les jours. On a tous des zones d’ombre, de mon côté, j’adore les challenger, les confronter, comprendre d’où ça vient, pourquoi je fais ça comme ça. 

Dans la vie d’un entrepreneur, il y a de la fatigue, du stress, un manque de réussite, un manque de confiance...et en ce moment, avec ma fille (née en Février), il y a aussi clairement un manque de sommeil qui joue beaucoup ! Nécessairement, tout ça a une influence sur moi mais je ne m’en cache pas trop, j’essaye d’en parler. J’essaye aussi de partager ça avec mes équipes, notamment quand je suis devenu papa. Je leur ai présenté ma fille et leur ai expliqué les chamboulements que cela impliquait dans mon rythme de vie. Je trouve ça important même s’il est bien sûr nécessaire de mettre le curseur au bon endroit ; il ne faut pas se voiler la face sur la réalité mais il faut rester capitaine du bateau ! 

‍

Personnellement, qu’est-ce que tu fais au quotidien pour prendre soin de ta santé mentale ? 

Je fais des thérapies mais des thérapies par le corps. Je crois particulièrement au triptyque : cœur corps esprit. Je fais régulièrement du Yoga et des exercices de respirations. J’aime bien les méthodes alternatives comme le EMDR (eye movement desensitization and reprocessing) qui est une thérapie par des exercices de visualisation et de mouvement oculaire de gauche à droite, ça permet de démêler le passé et de lâcher prise. C’est ce qui fonctionne pour moi aujourd’hui et je pense que la clef pour chacun est de comprendre ce qui lui fait du bien.

‍

Quel rôle peut jouer l'entreprise dans la santé mentale de ses employés ?

Tout d’abord, je pense que la responsabilité de l’entreprise est de ne pas dégrader la santé mentale de ses équipes. On passe 5 jours sur 7 au travail, on a nécessairement une responsabilité en tant qu’employeur de créer un environnement sain et de prendre soin des employés comme on le peut. 

J’ai eu un cas très compliqué à gérer, un cas psychiatrique avec des hallucinations sur le milieu du travail et de l’alcool. Pour protéger les équipes, j’ai essayé de gérer mais c’était très dur. Je n’étais pas armé pour prendre en main une telle situation, j’aurais aimé être accompagné sur le sujet parce que ça allait au-delà de mes compétences.

Sur le reste, je considère que ce n'est pas uniquement une question d’argent investi, c’est dans le comportement et la construction de l’environnement de travail qu’on arrive à créer un climat sain. J’essaye de prendre des décisions dans l'intérêt de la vie de mes salariés, j’espère que ça marche.

‍

Qu’est-ce que vous avez mis en place au sein de votre entreprise ? 

On essaye de mettre en place des vraies activités pour aller au-delà de l’apéro entre collègues. J’aime que l’énergie circule, qu’elle soit décloisonnée alors on fait beaucoup de Yoga, on fait des bains de gongs sonores, des ateliers de lâcher-prise au tambour, des ateliers de voyance. J’ai une femme qui est très connectée à tout ça, j’y suis devenu sensible. 

Pour libérer la parole, on a organisé des ateliers Open mic, l’idée était de pouvoir dire les choses en dehors des traditionnels entretiens de fin d’année, se demander tout simplement “comment ça va ?”. Ces ateliers ont parfois été animés de manière anonyme par des tiers, ça a vraiment beaucoup aidé. 

Ce que j’aime beaucoup faire c’est les Walks : des points en one to one en marchant, je trouve que le fait d’être actif et de se diriger ensemble dans la même direction invite beaucoup plus au partage que la traditionnelle position du face à face qui est une position de confrontation.

‍

Merci Handy s’investit dans la lutte contre le cyberharcèlement, pouvez- vous nous en dire un peu plus ? 

En tant qu’entreprise, tant qu’on a pas trouvé la solution ultime, on essaye à minima de compenser. Aujourd’hui, on fait beaucoup de contenu sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok, un réseau sur lequel il y a des dérives. On a eu un déclic parce qu’on recevait pas mal de messages et un jour on a reçu un témoignage d’un petit garçon gay qui l’avait annoncé à ses copains d’école et qui nous a raconté ce qui s’était passé. Ça m’a choqué, on s’est dit qu’on allait essayer d’apporter notre pierre à l’édifice. 

On relaie du contenu sur le cyber-harcèlement et on s’investit auprès d’associations comme Marion La main tendue pour essayer de faire changer les choses ; on fait de notre mieux mais c’est difficile d’avoir un gros impact.

‍

‍