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La prévention des risques psycho-sociaux

Prévention primaire, secondaire, tertiaire : de quoi parle-t-on ?

3
minutes de lecture

Depuis plusieurs années, la nécessité d’agir à un niveau préventif, et pas uniquement curatif ou correctif en matière de santé (physique et mentale) au travail semble faire consensus. 

Comme nous l’expliquions dans notre précédent article, il est dans l’intérêt des entreprises d’agir en prévention pour le bien-être de leurs employés. Et par prévention, nous entendons deux choses : 

  • réduire la probabilité qu’un risque advienne (ce que permet la prévention primaire) ; 
  • limiter l’impact de ce risque lorsqu’il se réalise (ce que permettent la prévention secondaire et tertiaire)

Pour autant, malgré le consensus sur le constat et la volonté d’agir, les avancées sont encore timides dans les faits. Ainsi, d’après une étude IFOP menée en Mars 2021 auprès de 600 décisionnaires RH et DRH, 65% des décisionnaires RH estiment que leur entreprise agit de façon plus réactive que préventive. 

Alors comment agir ? Quelles actions de prévention les entreprises peuvent-elles mettre en place pour faire rimer amélioration des conditions de travail et réussite (de l’entreprise et des individus) ? 

Pour limiter et faire face aux risques, l’OMS a défini trois niveaux de prévention, qui s’articulent et sont complémentaires entre eux. Ce sont ceux que l’on désigne par prévention primaire, secondaire, et tertiaire. 

Dans cet article, nous nous appuyons sur l’expertise de Louise Pereira, psychologue du travail, pour appliquer ces 3 niveaux de prévention à la gestion des risques psychosociaux. 

Passer du curatif au préventif : un renversement de perspective pour la santé au travail 

C’est l’OMS qui a dessiné cette approche - préventive - de la santé dès 1948 en définissant la prévention comme “ l’ensemble des mesures visant à éviter ou réduire le nombre et la gravité des maladies, des accidents et des handicaps”.

Généralement appliquée dans le domaine de la santé physique, la notion de prévention en santé mentale a peu à peu fait son entrée dans l’univers du travail. 

Au niveau des pouvoirs publics, les Plans de Santé au travail 3 (2016-2020) et 4 (2021-2025) ont confirmé ce renversement de perspective. Ces documents élaborés par le Ministère du Travail, qui fixent les grandes orientations stratégiques liées à la santé au travail donnent la priorité “à la prévention, à la qualité de vie et aux conditions de travail comme levier de performance de l’entreprise et de bien-être des salariés.”

En entreprise, ce même renversement s’observe à deux niveaux. 

  • D’un côté, les équipes RH sont de plus en plus convaincues des bénéfices de mettre en place des actions de prévention. D’après une étude menée par l’IFOP en Mars 2021, plus de 70% des 600 décisionnaires RH et DRH interrogés estiment que les actions de prévention en santé mises en place dans leur entreprise ont permis de réduire l’absentéisme (71%), de renforcer l’engagement des collaborateurs (72%) et de valoriser l’image de l’entreprise (71%). 
  • De l’autre, la demande des salariés est en croissance continue depuis la crise Covid-19. En octobre 2022, 2 salariés sur 3 déclarent être intéressés par un accompagnement de leur employeur permettant d’améliorer leur santé physique ou psychologique (source : norme IFOP de Climat Social). 

Pour passer de la volonté à l’action, les trois niveaux de prévention définis par l’OMS offrent aux entreprises un cadre stratégique pour définir et prioriser leurs actions. 

À quoi correspondent-ils ? 

La prévention primaire : réduire les facteurs de risques au niveau de l’organisation 

La prévention primaire englobe toutes les actions visant à réduire voire supprimer les facteurs de risques en agissant à la source. La prévention primaire met en œuvre des actions collectives et profondes, qui impactent l’organisation et les méthodes de travail, les relations de travail ou de management. 

L’ambition derrière la prévention primaire est de promouvoir un environnement de travail propice à la bonne santé des équipes.

1. Première étape : identifier les risques propres à l’organisation 

Les risques que la prévention primaire cherche à éviter sont les fameux “risques psycho-sociaux”, dont vous avez déjà sûrement entendu parler. Ce sont les risques pour la santé mentale, physique ou sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels. 

L’INRS distingue trois catégories de risques psychosociaux

  • le stress - qui correspond à “un déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face”, 
  • les violences externes - les insultes, menaces, agressions exercées dans le cadre du travail par des personnes extérieures à l’entreprise 
  • les violences internes - les cas de harcèlement moral ou sexuel, les situations de conflit exacerbées entre deux ou plusieurs personnes de l’entreprise. 

Pour identifier les risques que peuvent rencontrer vos équipes, l’ANACT recommande d’analyser les situations de travail réel, en s’appuyant notamment sur des questionnaires, des entretiens individuels ou collectifs ou en animant des groupes de travail. 

2. Deuxième étape : identifier les facteurs de risques 

Le rapport Gollac (2011) identifie 6 principaux facteurs de risques : 

  • l’intensité et le temps de travail (quantité de travail, complexité des tâches…)
  • les exigences émotionnelles (contact avec le public, avec des personnes en souffrance…) 
  • l’autonomie ou les marges de manoeuvre (possibilité de développer des compétences, monotonie des tâches…) 
  • les rapports sociaux ou la reconnaissance au travail (qualité des relations avec les collègues et la hiérarchie, reconnaissance…) 
  • les conflits de valeurs (conflits éthiques, travail ressenti comme inutile…) 
  • l’insécurité de la situation de travail (cadre de travail, vécu des changements…) 

Afin de les évaluer pour votre entreprise, l’INRS a mis au point ce guide en 26 questions sur lequel vous pouvez vous appuyer. 

3. Troisième étape : établir des actions concrètes et embarquer ses équipes 

Comme la définition de la prévention primaire l’indique, ce niveau de prévention se concentre sur des actions collectives : 

  • l’organisation du travail 
  • les styles managériaux 
  • les conditions de travail 

Mais parce qu’elle agit sur la source des risques, la prévention primaire est rarement considérée comme un budget prioritaire : 

  • elle requiert des changements profonds, 
  • ses effets sont difficiles à mesurer, 
  • et rarement visibles sur le court-terme. 

Ainsi, 76% des décisionnaires RH interrogés dans l’étude IFOP affirment que davantage d’actions de prévention seraient mises en place si leur entreprise disposait de plus d’indicateurs sur le retour sur investissement de la prévention. 

À cette objection, nous vous parlions dans un précédent article du coût de l’inaction qui constitue un argument de poids pour embarquer sa direction dans une démarche de prévention. 

La prévention secondaire : développer la résilience des individus face aux facteurs de stress 

La prévention secondaire regroupe les actions visant à aider les salariés à mieux faire face aux RPS et à mieux gérer leur stress. Il s’agit d’aider les employés à mieux gérer les situations de risques qui n’ont pas pu être évitées, ou qui sont inhérentes au travail. 

Ce niveau de prévention met l’accent sur l’individu et s’appuie notamment sur la formation des collaborateurs. 

Par exemple, certaines fonctions comme les fonctions support, de service clients, ou d’aidants sont intrinsèquement confrontées à des risques et une exigence émotionnelle forte. Il s’agit donc pour l’entreprise d’outiller ses collaborateurs pour qu’ils puissent faire face eux-mêmes aux situations de risques (mécontentement du public, colère, agressions verbales…). 


Autre exemple de prévention secondaire que beaucoup d’entreprises peuvent mettre en place : former les équipes et partager des ressources pour favoriser une meilleure gestion du stress

La prévention tertiaire : proposer les solutions adaptées en cas de crise 

La prévention tertiaire n’est plus de l’ordre de l’anticipation : on est déjà dans la réparation. Le dommage a eu lieu mais il s’agit maintenant d’en limiter les conséquences sur les individus. Elle passe souvent par un appui psychologique notamment : la mise en place de cellules d’écoute, l’intervention de psychologues, ou encore le fait de faire appel à de la médiation (dans les situations de conflits ou de harcèlement par exemple). 

Avec la prévention tertiaire, on cherche à rétablir l’équilibre de l’organisation. 

Ce troisième pilier de prévention est le plus adopté par les organisations car il apparaît comme une nécessité face à des situations critiques ou dégradées qui réclament d’agir rapidement. 

Mais contrairement à la prévention primaire et secondaire, l’impact de la prévention tertiaire se limite à des actions ponctuelles. On n’agit pas ici à la racine du risque : c’est donc le niveau de prévention le moins efficace dans la durée. 

Comment définir un plan de prévention efficace 

Pour mettre en place un plan de prévention efficace et cohérent, les entreprises doivent définir des actions sur les 3 niveaux de prévention. 

Ce plan d’action fait partie des éléments que les employeurs doivent fournir dans leur DUERP

Selon Louise Pereira, notre experte psychologue du travail, plusieurs conditions sont déterminantes pour définir correctement son plan d’action : 

  • identifier les risques spécifiques à son entreprise en se basant sur une connaissance terrain et une co-construction avec les équipes
  • définir et prioriser les actions à mettre en place selon leur faisabilité, l’ampleur de l’impact attendu, la pérennité de l’action, son coût, mais aussi la manière dont l’action sera reçue par les équipes 
  • agir à plusieurs niveaux : comme le rappelle Elodie Montreuil, les actions de prévention peuvent être de différentes nature : transverses au sein de l’entreprise (les effets de l’action vont concerner l’ensemble des salariés) ou spécifiques à certaines unités de travail (les facteurs de risque pouvant être différents selon les services ou catégories de salariés, des mesures particulières doivent ainsi être prises), 
  • définir des indicateurs pour évaluer et suivre dans le temps l’impact des actions : c’est ce qui permettra de justifier et/ou d’ajuster la mise en place des actions suivantes
  • embarquer avec soi les équipes et la direction en communiquant régulièrement les avancées et résultats du plan d’action

Pour conclure, si la nécessité de prévenir plutôt que de guérir fait l’objet d’une volonté partagée (des dirigeants, des équipes RH, des collaborateurs), le passage à l’action reste parfois délicat. Les trois niveaux de prévention définis par l’OMS donne donc un cadre aux entreprises pour définir les actions les plus pertinentes qui favorisent une bonne santé de leurs équipes. 

Et si vous ne deviez retenir que quelques mots, voici le triptyque que nous proposons chez moka.care pour agir à tous les niveaux : 

  • transformer l’organisation pour réduire ou supprimer les facteurs de risques 
  • coacher les individus pour développer leur résilience et leurs compétences face au stress 
  • réagir en proposant les solutions adaptées à ses équipes dans les situations de crise

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