Roxanne Varza

Roxanne Varza

Directrice de STATION F, Roxanne Varza assiste de l’intérieur à la libération de la parole sur la santé mentale dans le milieu des startups.

Je crois que le Covid a éveillé les consciences ; le confinement et le télétravail n'ont pas forcément été bien vécus par tous et le sujet de la santé mentale s’est naturellement imposé dans les entreprises. Dans mes précédentes expériences, j’ai moi-même connu des hauts et des bas, des moments où il était difficile de me concentrer ou de me motiver, malgré la charge de travail. On voit aujourd’hui que les langues se sont progressivement déliées et c’est une bonne chose, surtout en France où le sujet reste encore tabou.

La parole sur ce sujet est-elle plus libre aux Etats-Unis par exemple ? 

Il reste complexe mais la discussion, comme souvent aux Etats-Unis, a commencé plus tôt. Pour autant, la culture anglo-saxonne reste celle que l’on connaît, et même si l’on traverse une passe difficile, il est d’usage de dire que l’on va très bien. Plus qu’ici encore, la pudeur est de mise aux Etats-Unis.

En France, on commence à percevoir des entrepreneurs qui s’expriment de plus en plus sur l’échec. Des réseaux d’échanges se créent au fil des années, on y partage des conseils, des doutes, des questions. Mais la parole est encore timide. Quand on touche à l'échec, il est avant tout question d’articles qui relatent des erreurs de recrutement, des enjeux organisationnels ou encore, les différents stades de croissance. À aucun moment - ou dans très peu de cas -,les entrepreneurs prennent la parole sur leurs émotions ou sur l’impact d’un échec entrepreneurial sur leurs relations familiales et amicales. En 2011,j’avais importé depuis la Silicon Valley le principe des FailCon, sorte de conférences de l’échec où des patrons d’entreprises viennent témoigner. J’ai non seulement eu beaucoup de difficulté à trouver des intervenants français désireux de vouloir aborder le sujet mais j’ai aussi ressenti un malaise ambiant lorsqu’un d’entre eux s’est confié sur le décès de son cofondateur. Fort heureusement, le sujet est désormais moins tabou mais il y a encore du chemin à faire.

Que penser des entreprises et de leurs actions pour prendre soin des employés ? 

Au niveau des entreprises, les changements se font plus visibles. Avec le temps et surtout avec les vagues de confinement, on a vu se succéder des situations où le bien-être des employés était mis à dure épreuve. Au fil de l’eau, la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle s’est brouillée et les startups ont réussi à réagir. On voit désormais apparaître de nouveaux modes de travail, avec des journées de 6 heures ou des semaines de 4jours par exemple.

Parmi les rôles modèles, je pense notamment au modèle de la startup américaine Buffer ; c’est une vraie source d’inspiration à suivre pour nos entreprises françaises. Depuis 2012, cette startup propose une organisation en 100% télétravail - tout en veillant à offrir des places de coworking et des consommations journalières dans des coffee shops à ceux qui le souhaitent. Depuis 10 ans, les initiatives pour prendre soin de leurs employés se multiplient dans cette entreprise hors des sentiers battus. Parmi elles, on retrouve la chaîne Slack Healthy Room où les employés partagent des conseils et webinars pour prendre soin de soi au quotidien ou encore, la mise en place du Unsick Day, un jour offert chaque année pour consulter gratuitement un psychologue, coach ou thérapeute. Il y a aussi le rituel de l’Energy check, un moment où les équipes se retrouvent pour partager leur humeur du jour : rouge lorsqu’on ne se sent pas en forme, jaune quand ça pourrait aller mieux ou vert quand tout va bien. L’objectif derrière ce tour de table, c’est avant tout de décomplexer les jours où l’on se sent moins bien et de ne pas obliger les employés à “faire semblant ”car toutes les émotions sont en réalité valables.

Y a-t-il un message que vous souhaitez partager avec nous ? 

Investir dans l’humain, c’est investir dans son entreprise. J’ai conscience qu’en tant que dirigeant ou RH,on n’est pas nécessairement psychologue mais le simple fait de montrer à ses équipes qu’on s’occupe de leur bien-être, qu’on s’intéresse à eux est déjà un pas de plus. 

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