Guillaume d'Ayguesvives

Guillaume d'Ayguesvives

Guillaume d'Ayguesvives a fondé moka.care avec la conviction que l'on gagnerait tous à prendre soin de notre santé mentale de façon proactive et préventive.

As-tu déjà été confronté à une situation où ta santé mentale ou celle de ton entourage a été éprouvée ? 

On a tous eu autour de nous un proche - que ce soit un collègue, un ami, un parent, un frère, une sœur - qui a vécu un burnout, une dépression ou des moments difficiles. C'est mon cas : dans mon ancien job, trois personnes dans mon bureau de six, ont vécu soit un burnout soit une dépression. Être en burnout, ce n’est pas simplement se casser le bras et se dire qu'”après 3 semaines de plâtre, c'est réparé” ; il faut du temps, parfois beaucoup, pour se reconstruire. 

Quel est le plus gros “défi” de santé mentale que représente le fait d’être un entrepreneur et un fondateur ? 

À mes yeux, le bon entrepreneur est celui qui s’accepte plus vite que les autres et qui ne cherche pas à jouer le rôle “modèle” du chef d’entreprise. Cela implique de parvenir à ne pas être parfait même si, dans l’imaginaire collectif, le fondateur d’une boîte se doit d’être Superman. C’est aussi connaître ses limites et savoir qu’il ne faut pas attendre d’être dans le rouge pour lever le pied. C’est en ce sens que l’on parvient à se protéger et à prendre soin de sa santé mentale.

La santé mentale est-elle un sujet que tu abordes dans ton entreprise ? Comment ? 

Chez moka, la santé mentale occupe nécessairement une place primordiale : la bienveillance est l’une de nos valeurs et on cherche d’ailleurs à l’incarner le plus possible au quotidien. J’ai conscience que le terme de “bienveillance” est utilisé à tort et à travers, on a donc illustré cette valeur avec des comportements concrets comme “j’assume une intention positive chez l’autre et je ne projette aucune méfiance”. C’est ainsi beaucoup plus clair pour chaque membre des équipes moka. On propose également pour ceux qui le souhaitent des séances de méditation chaque jour, aux alentours de 16 heures. Et depuis peu, on ne s’envoie plus de mails ni de Slack qui demandent une action le vendredi après-midi ; ça permet à chacun de finaliser sa to-do de la semaine et de partir l’esprit libre en week-end. 

Quel rôle peut jouer l'entreprise dans la santé mentale de ses employés selon toi ? 

Je suis convaincu que l’entreprise a un rôle social déterminant pour changer le regard que l’on porte sur la santé mentale. Si l’entreprise, souvent vue comme le temple de la performance, ose clamer haut et fort « Non, la psychologie ne s’adresse pas aux personnes ‘faibles psychologiquement’», le sujet tendra naturellement à être décomplexé. 

En prenant la parole sur la santé mentale, l’entreprise fait un pas gigantesque pour la déstigmatiser. Mais il faut évidemment que des actions concrètes suivent aussi. L’entreprise doit pouvoir proposer un cadre où chacun se sent épanoui et non ‘pressurisé’ ; où chaque employé est accompagné lorsqu’il ressent le besoin de se confier.

Le sujet de la santé mentale te paraît-il tabou en France ?

Quand on a lancé moka avec Pierre-Etienne en janvier 2020 et qu’on évoquait la “santé mentale”, on a senti beaucoup de gêne. Avec le COVID, on parle désormais plus librement de ce sujet ; dans la presse notamment - c’est bien l’un des rares aspects positifs de cette crise. Mais encore trop souvent, beaucoup pensent « Les psys, c’est bien mais pour les autres, certainement pas pour moi ». 

De manière générale, on a encore du mal à faire ce premier pas vers un accompagnement, notamment parce qu’au-delà du tabou, la santé mentale est un monde que l’on connaît trop peu. Qui consulter ? Quand consulter ? C’est quoi un psy, un coach, un thérapeute ? Pourquoi en aurais-je besoin ? On se pose encore beaucoup de questions auxquelles on n’a pas toujours de réponses. 

Quel message souhaiterais-tu transmettre aux entreprises qui délaissent ce sujet ?

Je suis persuadé que chaque entreprise devrait explorer davantage le sujet de la santé mentale. D’abord pour permettre à ses équipes de se sentir bien, tout simplement. Mais aussi - et c’est du bon sens - parce qu’un employé épanoui est un employé plus engagé dans son travail. Une chose est sûre : il faut sortir de la relation transactionnelle où l’employé n’est qu’une ressource comme une autre à laquelle on associe un coût. Et de plus en plus, se diriger vers une relation de confiance où l’on montre à ses équipes qu’elles comptent ; c’est aussi comme ça que l’on construit une relation sur le long terme.

Y a-t-il un dernier message que tu souhaites partager avec nous et transmettre sur la santé mentale ? 

Je pense que chacun gagnerait à aller voir un psychologue – reste bien-sûr à choisir le bon, celui qui correspond à ses attentes et à ses manières de fonctionner. Très clairement, on sous-estime encore trop souvent le pouvoir de la parole et le bien que cela peut nous faire de se confier.


Eux aussi prennent la parole

Alexis Michalik

Roxanne Varza

Alexis Krycève

Cyril Chokroun

Pierre Dubuc

Chloé Hermary

Stéphanie Gicquel

Gautier Capuçon

vous voulez en apprendre
d'avantage sur le Mouvement ?

Nous Contacter