Cyril Chokroun

Cyril Chokroun

Danseur à l'Opéra de Paris et coach Dynamo, Cyril Chokroun jongle entre exigence et lâcher-prise.

Je suis né à Marseille. Dès l’âge de 11-12 ans je suis parti en internat à l’Opéra de Paris, je travaillais du lundi au vendredi et redescendais seulement pour les weekends.
J’ai grandi dans ce milieu. Avec mes collègues à l’Opéra on se connait depuis tout petits. C’est un microcosme, si on ne recherche pas à rencontrer de nouvelles personnes, on finit facilement par côtoyer tout le temps les mêmes, on a vite fait de s’enfermer.  

L’Opéra est un milieu très compétitif. Tous les ans, certains enfants “échouent” et ne passent pas dans l’année supérieure à cause de leur physique ou de leurs capacités. C’est très violent, même si à cet âge là, on ne s’en rend pas forcément compte.Quand j’avais 12 ans, on était une quarantaine de petits garçons qui venaient passer des auditions, puis une vingtaine. À 18 ans, on était plus que 5 et on est 3 à avoir obtenu un CDI en tant que danseur, le graal pour la profession. 

D’années en années, uniquement les meilleurs restent. A chaque concours, à chaque On est souvent déçu et on entre dans la spirale du J-y-arriverais-jamais : “Pourquoi c’est jamais moi, pourquoi c’est les autres, alors que je bosse tous les jours très dur”. C’est très dur d’avoir l’impression, à 28 ans, d‘être passé à côté de quelque chose, d’avoir comme “raté” quelque chose de sa vie. 

Au moment où j’ai rejoint Dynamo j’étais “juste” danseur, je n’avais connu que ça et devenir coach m’a vraiment ouvert au monde, libéré, quand à force j’étais devenu un peu aigri d’être uniquement un homme en chaussons. J’ai alors enlevé mes œillères, j’ai rencontré un tas de nouvelles personnes et de nouvelles façons de penser, je pense que c’est surtout ça dont j’avais besoin. 


Comment prenez-vous soin de votre santé mentale aujourd’hui ? 

Dans le monde de la danse dans lequel j’ai grandi, quand il s’agissait de notre santé mentale, il fallait se débrouiller seul : ceux à qui les parents manquaient trop, qui pleurent un peu tous les soirs, ils ne restaient pas : les “faibles” ne tiennent pas, il n’y a que les “forts” qui restent.

En revanche en 2014, il y a eu un vrai changement, Benjamin Millepied a pris la tête de l’Opéra et a rapporté des Etats-Unis ce qu’il avait connu : un vrai pôle médical composé de médecins, de kinés, de physios pour nous suivre et nous soutenir physiquement. Il ne manquait plus que le coach mental qui est arrivé quelques années plus tard. Depuis 3-4 ans à l’Opéra, il y a un préparateur mental qui vient aider sur toute l’année les danseurs et leur apprend à mieux se connaître et à savoir quand lâcher prise.

De mon côté, ma santé mentale aujourd’hui j’en prends soin surtout chez Dynamo, chaque semaine je viens pour la même chose que les gens qui sont dans la salle : le lâcher-prise. On est tous dans cette salle, sans portable, l’effort physique nous fatigue et inconsciemment on lâche tous prise. 

À l’Opéra, toute la journée c’est de la rigueur, on me demande d'être bien en ligne avec la personne devant moi, celle d’à côté. C’est très quadrillé. Chez Dynamo c’est moi le chef d’orchestre et c’est ma soupape. J’échange avec les gens qui se livrent, qui me disent que ça les aide aussi au quotidien et j’en suis très fier. Pas une seule fois j’ai eu la flemme d’y aller et de faire cours en 6 ans.

Qu’est ce que vous a appris la scène ? 

La scène est un très bon exercice mental. Le trac peut te faire perdre tes moyens comme les décupler. C’est en étant préparé en répétant 50 000 fois le geste, en ayant confiance que j’ai réussi à faire de mon trac une force, un trac qui est plutôt une montée d'adrénaline qui te permet de profiter d’être dans la lumière, de transmettre au public ce qu’il veut voir, te faire confiance et tout donner. Ma récompense c’est les applaudissements.

Quel est votre rituel pour vous sentir mieux ? 

Pendant le premier confinement, je me suis fait un peu attraper par la télé et les nouvelles, j’ai fait une mini-dépression et j’ai vraiment eu du mal à me reprendre le premier mois. Le déclic a vraiment été de reprendre contact avec les gens, j’ai fait des cours en ligne pour Dynamo et d’autres clients et c’est à ce moment que j’ai commencé à reprendre pied. Tout le monde a son truc, moi je crois que c’est le lien aux autres.

Mon truc à moi c’est aussi la musique, je suis tout le temps à vélo et j’écoute en permanence de la musique, je pense que ça m’apaise et m’inspire.


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